Le dimanche 12 mai cinq personnes participent à la sortie Castor. Deux groupes sont constitués, l'un sur la Petite Maine, l'autre sur la Sèvre Nantaise.
Le groupe "Petite Maine" démarre sa prospection au lieu-dit Fromage, 4 km en amont de la confluence de la Petite Maine avec la Grande Maine. À bord de deux canoës nous descendons la rivière et rencontrons assez vite des indices de présence de l'animal sur la rive droite. Nous débarquons en contrebas du village de la Peignère dans un petit bois rivulaire pour suivre une franche coulée qui nous mène à de nombreux reliefs de repas (certains anciens, un an ou deux), et à des jeunes arbres fraîchement écorcés avec à leurs pieds des copeaux de bois pour les plus gros. De nouveau quelques indices sont aperçus en contrebas du village de la Daunière mais le site le plus exploité par le Castor a été trouvé, toujours sur la rive droite, entre la Daunière et la Poitevinière où nous mettons de nouveau pied à terre. Là, de très nombreux troncs d'arbres jonchent le sol avec une seule essence ciblée : le Laurier-sauce, Laurus nobilis L. La tête d'un des grands arbres abattus se trouve partiellement dans l'eau où les feuilles et les jeunes rameaux ont été consommés. Un peu plus loin, c'est sur un autre laurier que le mammifère aquatique s'est fait les dents : le Laurier palme, Prunus laurocerasus L. Nous rejoignons ensuite le Bouvreau sur la rive gauche, que nous remontons un peu, avant d’être bloqués par de nombreux arbres tombés mais pas du fait du Castor. Aucun indice sur ce cours d'eau pourtant bien nommé car il atteste de la présence historique de l'espèce en Vendée. "Bouvreau" vient du nom gaulois du Castor "bebro" qui a donné "bièvre" en ancien français. En fin d'après-midi, nous nous rendons plus à l'ouest sur la Grande Maine au lieu-dit la Goyère (Saint-Georges-de-Montaigu). En prospectant à pied sur un sentier en aval, nous ne trouvons aucun d'indice de présence du Castor. À titre indicatif, voici la liste des essences d’arbres sur lesquels nous avons trouvé des indices, dans un ordre que nous estimons préférentiel pour le Castor : l'Érable champêtre, le Laurier-sauce, le Laurier-palme, l'Aulne glutineux, le Noisettier.
Le groupe "Sèvre Nantaise" est constitué de Frantz et Anne-Lise. Frantz a déjà effectuer quelques observations en 2013 et 2014 sur les rives de l'actuelle commune de Sèvremoine (49) et a reconnu les lieux le 5 mai 2024, malgré une petite crue et la pluie. Au cours de cette journée, toute la partie en amont du bourg de Tiffauges, jusqu'à la frontière avec Saint-Aubin-des-Ormeaux (ouvrage du moulin de la Roche), est prospectée en deux fois. Le matin, Frantz recherche à pied des indices de présence sur environ 150 m sur les deux rives en aval du barrage du moulin de La Roche puis en kayak jusqu'au barrage de Guérin, sur un peu moins de 1 km. De belles traces de Ragondin sont observées, avec empreinte centrale de queue ronde bien marquée ainsi que des cavités situées principalement sur la rive gauche mais aucun indice de la présence du Castor. En face, Frantz observe une tâche huileuse d'environ 30 cm de diamètre sur un tronc de peuplier sec couché sur la rive du parc du château, côté Maine-et-Loire, avec des crottes d'herbivore semblables en taille, forme et odeur à celles prises plus en aval. Une odeur musquée est constatée qui évoque celle du castoréum. Le reste du tronc est sec, il ne pleut pas encore. Le parc boisé est interdit au public, il assure donc une certaine tranquillité et fournit de la nourriture abondante quant au barrage, il garantit un niveau d'eau minimum permanent. À la pause déjeuner, Anne-Lise rejoint Frantz à Boussay. Ils s'équipent et partent en kayak pour le tronçon le plus long, près de 2 km, vers l'amont où un indice a été repéré le dimanche précédent. Effectivement un gros peuplier déraciné est tombé dans l'eau et plusieurs branches sont fraîchement écorcées avec des traces de dents encore visibles. Des branches écorcées se touvent sous la surface de l’eau, le castor a peut-être rongé sous l'eau ou alors ce sont les fluctuations de niveau qui expliquent cette submersion (+ 40 cm depuis le dimanche précédent). Environ 300 m plus loin, un second peuplier est également déraciné près d’une plage couverte de crottes. Tous ces indices se trouvent sur la rive gauche donc du côté vendéen, sur la commune de la Bruffière en face de la commune de Boussay (44). Nous reprenons ensuite la voiture pour aller au lieu-dit Le Foulon en amont de Tiffauges sur la rive droite. L’exploration se fait en kayak, sur un peu moins d’un kilomètre, jusqu'en aval du barrage de Guérin. Aucun indice n’est trouvé sur cette portion de rivière et la pluie revient pour conclure la sortie.
Il sera intéressant de voir à l'avenir comment le Castor investira de nouvelles rivières vendéennes.
Nous remercions Patrick Trécul et Frantz Storck pour leurs renseignements concernant la présence du Castor en Vendée, ainsi que Jean-Paul et Frantz D. pour les photographies. Un grand merci également aux participants : Anne-Lise Charpentier, Frantz Desprez, Georges Pichaud et Jean-Paul Paillat.
Richard Lemarié & Anne-Lise Charpentier