Redécouverte du Loir gris, Glis glis, en Vendée

Loir_gris_F-Varenne-02   Même si les mammifères ne constituent pas le groupe taxonomique le plus riche de Vendée et qu’il peut paraître ridiculement simple et petit par rapport aux invertébrés, son étude peut présenter quelques difficultés. En effet, depuis le lancement de l’atlas des mammifères sauvages de Vendée, en 2009, la présence de plusieurs espèces est restée une énigme. À ce petit jeu, le Loir gris, Glis glis, est sans doute le champion toute catégorie. Historiquement le Loir est mentionné une seule fois en Vendée. C’est dans la liste des espèces de la ZNIEFF « Bois de Velluire et ses abords » par René Rosoux et Thierry Tounebize, que nous remercions ici pour la confirmation de leur observation.  Lors du démarrage de l’enquête pour réaliser l’atlas des mammifères de Vendée nous n’avons aucune donnée postérieure à 1990 concernant le Loir. Un appel à témoignage est donc lancé auprès des naturalistes mais aucune donnée récente n’est obtenue, seuls quelques témoignages anciens sont recueillis :

  • Bernard Rousseau rapporte l’observation d’un Loir dans un tas de bois, sur la commune de Saint-Michel-Mont-Mercure, entre 2000 et 2001 ;
  • Florian Doré nous signale qu’il connaissait cette espèce et avait eu l’occasion de l’observer dans les années 1990 autour de Pouzauges ;
  • Étienne Ouvrard se souvient avoir vu un loir en léthargie lors d’une de ses légendaires virées à mobylette avec Stéphane Barbier dans le Haut-Bocage vendéen (mais ce n’était peut-être qu’un lérot…) ;
  • Benoit Perrotin recueille des témoignages concernant des observations de loirs dans l’Est de la Vendée lors de coupes de bois dans des haies ;
  • Yves Gaugris se souvient en avoir observé dans sa jeunesse vers Chantonnay.

   À défaut d’observation récente, nous constatons que les témoignages anciens concernent l’Est de la Vendée, près des Deux-Sèvres où l’espèce est connue et observée régulièrement à quelques kilomètres de notre département.  Devant ce constat, Jean-Paul Paillat et Quentin Lelièvre, toujours à la pointe de la mammalogie vendéenne, décident de faire une enquête de grande envergure. Faisant l’hypothèse que le Loir est un commensal de l’homme à l’image du Lérot et qu’il doit échapper aux prospections naturalistes classiques, ils décident d’engager une campagne auprès des habitants. Une affiche permettant de distinguer le Loir du Lérot, dessinée par Benoit Perrotin et mise en page par Amandine Brugneaux, est utilisée pour une campagne médiatique dans les mairies, commerces de proximité et salles des fêtes, afin de recueillir des informations sur le Loir. Malgré les efforts déployés, aucune observation récente mais quelques témoignages anciens sont obtenus. En 2013, résignés mais pas abattus, Étienne Ouvrard et François Varenne jouent leur dernière carte avec la méthode de la repasse bien connue des ornithologues. Autour du massif forestier de Mervent, plusieurs soirées sont passées à émettre le cri du Loir sans succès. Ils en concluent que c’est peut-être pour cette raison que la repasse n’est pas mentionnée comme moyen d’inventaire pour les gliridés. Le moral dans les chaussettes, nous commençons à nous faire une raison : le Loir a peut-être disparu de Vendée… mais c’est sans compter sur la chance : la quête du graal va avoir une fin heureuse !

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   Le 3 septembre 2014, lors d’une soirée de captures de chiroptères dans un boisement de la commune de Faymoreau, vers 21h, après avoir posé les filets et dans l’attente silencieuse des premières chauves-souris, un cri se fait entendre dans la nuit noire. L’ouïe fine de François ne faillit pas « ne serait-ce pas le cri d’un Loir ? ». Stupeur dans le groupe… mais plus de cris. L’attention se porte alors sur les premières chauves-souris qui sont prises, tout le monde est occupé à démailler, mesurer et relâcher les chiroptères quand soudain, vers 22 h 30, Étienne qui fait une ronde s’exclame « les gars il y a un loir ici ! ». Après plusieurs mois de traque, un loir se trouve à quelques mètres d’un filet le long d’un mur. Il se laisse observer pendant plus d’une heure et approcher à quelques centimètres ; discret mais pas craintif l’animal ! Une prospection sur le site à deux autres reprises nous permet de découvrir une petite population d’au moins cinq individus et nous donne aussi la certitude que la repasse de cris de loir ne marche pas.

   Les observateurs du 3 septembre 2014 : François Varenne, Alain Texier, Étienne Ouvrard, Julien Sudraud et Cécile Moulard.

Texte de François Varenne et Étienne Ouvrard
Photos de François Varenne